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  •     Mais le Dolphin entre en rade.
        À un dernier méandre du fleuve, le panorama d’Anvers s’étale dans sa majestueuse et grandiose splendeur. Sur une longueur de plus d’une lieue, la ville présente aux regards des arrivants un front imposant de hangars, de halles, de monuments, de tours et de clochetons, que domine la flèche de Notre-Dame. Ce phare de bon conseil prémunit les voyageurs contre les embûches et les dédales de perdition qui s’enroulent au pied de la cathédrale, comme le serpent se repliait à l’ombre de l’arbre de vie. Le crépuscule rosit le monument admirable, flamboie dans les dentelles de la pierre, et, en même temps qu’à sa nichée de corneilles le beffroi donne la volée aux notes de son carillon…
        Mais le marin du Dolphin ne lève plus les yeux à cette hauteur et n’entend même plus la voix des cloches vespérales. Pourquoi, la flèche altière ne s’apercevait-elle pas des bouches de l’Escaut et le bourdon si sonore n’a-t-il pas résonné jusqu’au Doel ? Les émissaires du diable prirent les devants sur les messagers des cieux. Même lorsqu’il se trouve en présence de ces bons génies, il n’aura d’oreilles que pour les boniments des courtiers et de regards que pour les ruelles obliques dont les fenêtres rougeoient comme des fanaux de malheur.

    Georges Eekhoud, La Nouvelle Carthage (1888)
    Troisième Partie : Laurent Paridael, Chapitre V : Les « Runners »


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