LES CARILLONS
« Il flotte une musique. »
RODENBACH.
Comme ils tintent gaîment, les carillons du Nord,
Dans nos hardis beffrois découpés en dentelles ;
Au fond de nos cieux bleus, unissant leurs voix d'or,
Comme ils tintent gaîment, les carillons du Nord.
Toujours les mêmes airs prennent le même essor,
Au rythme martelé des cloches immortelles :
Comme ils tintent gaîment, les carillons du Nord,
Dans nos hardis beffrois découpés en dentelles.
Ils s'élèvent au loin vers les plaines d'Artois,
Berçant les jeunes cœurs, animant les feuillées,
Retombant en frissons, mourant au bord des toits.
Ils s'élèvent au loin vers les plaines d'Artois,
Les gais refrains flamands, les vieux refrains patois,
Souvenirs évoqués à l'ombre des veillées.
Ils s'élèvent au loin vers les plaines d'Artois,
Berçant les jeunes cœurs, animant les feuillées.
Lorsque la mer bondit, houleuse, à son réveil,
Lorsque la mort est là, comme ils chantent la vie.
Comme ils jettent l'espoir, l'amour et le soleil,
Lorsque la mer bondit, houleuse, à son réveil !
Et dans la mine horrible, où règne le sommeil,
L'âme est moins oppressée : une voix l'a suivie,
Lorsque la mer bondit, houleuse, à son réveil,
Lorsque la mort est là, comme ils chantent la vie !
Carillons ! carillons ! Sonnez, gais carillons !
Carillons de nos cours, franchissez nos collines !
Vous serez entendus plus loin que nos sillons.
Carillons ! carillons! Sonnez, gais carillons !
Comme des étendards, comme des pavillons.
Portez notre pensée en ondes argentines !
Carillons ! carillons ! Sonnez, gais carillons !
Carillons de nos cours, franchissez nos collines !
Émile LESUEUR de MORIAME.
Théâtre national de l'Opéra comique
(Association amicale des enfants du Nord et du Pas de Calais)
source : gallica