Le Palais Rihour du XVe au XIXe siècle se développe autour d'une cour fermée. A chaque côté du quadrilatère correspond un bâtiment ou un ensemble de corps de bâtiments dont les volumes et le parti d'élévation varient. L'aile nord, la plus haute, renferme la Grande Salle. Chacune des ailes peut être désignée selon son affectation :
- aile ouest dite aile du duc (dans la perspective de la rue du Palais), avec la Chapelle qui subsiste de nos jours sur un côté
- aile sud dite aile des dames
- aile est dite aile de la galerie (ouvrant sur la place Rihour)
- aile nord dite aile de la Gouvernance.
Elles sont desservies par trois escaliers en vis et par un escalier d'honneur placé dans des tours hors d'oeuvre, à chaque angle. L'ensemble de l'édifice offre une sobre apparence, à peine tempérée par l'usage de matériaux de couleur et d'aspect différents (la brique et la pierre) et, surtout, par le parti décoratif choisi. Celui-ci privilégie les motifs d'amortissement. Garde-corps, lucarnes, souches de cheminées, pinacles et girouettes se hissent fièrement au-dessus des toits.
Le Palais Rihour et ses vitraux, Itinéraires du patrimoine. La Voix du Nord, avec le concours de l'Association Christophe Dieudonné et de la ville de Lille, 1999. p.4
On peut se rendre compte de l'importance de l'hôtel, par l'énumération des chambres : d'abord le local du concierge, la chambre à coucher et la cuisine ; puis l'épicerie, la chambre des dames, le grenier sur la garde-robe de Monseigneur, la chambre des couturiers et des cordonniers ; la chambre de l'armoyrie, la chambre au-dessus de celle des finances ; la garde-robe de Monseigneur, la chambre sous la chapelle, la chapelle (le Conclave qui existe encore), la salle de l'oratoire (également), avec un tableau de la Passion, la chambre du chapelain, la chambre du barbier, la grande salle, la chambre de la tour carrée, la grande chambre de feu Monseigneur Philippe, la petite chambre de Monseigneur, etc. L'ensemble des bâtiments, construits en pierre et en brique, enfermait une cour carrée. La façade principale donnait du côté du marché. Elle était du style gothique de la dernière période.
Saint-Léger, Alexandre de. Lille sous la domination des Ducs de Bourgogne. Lille, G. Dubar, 1909. p.54
Conclave vient du latin médiéval conclave, du latin conclave, pièce fermée à clé, de clavis, clé, et désigne plutôt le lieu et par métonymie l'assemblée des cardinaux élisant un nouveau pape. Cependant le Littré cite : Le disner fait, se retrairent les chevaliers en la chambre de leur conclave ; et là n'entra nul, s'il n'estoit chevalier portant l'ordre et les quatre officiers dessus nommés, O. DE LA MARCHE, Mém. liv. I, p. 263, dans LACURNE. Le Trésor de la Langue Française indique un sens par extension : assemblée délibérante
La Maison commune excite toute la curiosité d'un voyageur, par l'antiquité de sa structure et par les souvenirs qu'elle rappelle. C'était en partie le palais même des comtes de Flandre, et entre autres de ce Philippe-le-Bon si célèbre dans nos déplorables histoires, qui le fit bâtir en 1430.
Ce palais avait servi aux Souverains de Flandre jusqu'au temps où les Pays-Bas passèrent sous la maison d'Autriche, qui établit sa cour à Bruxelles.
On entre d'abord dans une vaste cour quarrée, flanquée de murailles épaisses, et entièrement de brique : dans les quatre angles s'élèvent quatre tourelles octogones qui dépassent de bien haut les murailles dont elles s'appuient. Deux de ces tourelles ont été détruites par un incendie de 1700, ainsi que cette fameuse salle où les Ducs tenaient leur cour plénière, et où Philippe-le-Bon célébra son festin du faisan. Ce corps-de-logis a été reconstruit avec plus de dignité par Louis XIV ; c'est là que se tiennent les assemblées municipales, celles de quelques autorités judiciaires : l'on y trouve des salles spacieuses où se dispose fort à l'aise tout l'étalage d'une fête publique, avant de se développer à l'extérieur.
Sur l'un des côtés de cette même cour, s'ouvre un escalier qui conduit aux seuls restes des appartements accessoires des anciens Ducs. Le plafond de cet escalier est sculpté en faisceaux arqués, et dans le vieux genre gothique. Là sont des chambres très-vastes et d'une grande hauteur, mais sans décoration : la chapelle des Ducs se trouvait de ce côté ; c'est où siège actuellement le tribunal correctionnel.
Ce palais, à le considérer en masse, paraît avoir servi de forteresse. Dans les combles, près la chapelle, l'on a découvert dernièrement certains cabinets disposés de manière à faire croire que c'étaient des prisons d'Etat, où l'on suppliciait les Flamands rebelles.
Barbault-Royer, Paul-François. Voyage dans les pays du Nord, de la Lys, de l'Escaut, etc. (1800), pp.69-70
Les services multiples de la municipalité réclamaient des bureaux bien agencés : il fallait des salles spacieuses pour les musées obscurément confinés dans la vieille église des Récollets qu'on allait jeter par terre pour édifier le nouveau lycée ; il fallait des magasins de dépôt pour l'octroi, de vastes salons pour les fêtes publiques. L'antique palais de Rihour fut condamné à disparaître. Sa façade, œuvre de diverses époques, offrait des contrastes bizarres ; sa distribution intérieure réunissait les services les plus opposés : la prison, le tribunal de commerce, le salon du maire et le secrétariat, les bureaux de l'état-major de la place, ceux de l'état-civil, le conseil des prud'hommes, le musée d'histoire naturelle, le tribunal civil, les archives de la ville et du tabellion, les bureaux d'octroi et de police, etc., etc. Dans l'édifice du nouvel hôtel-de-ville, l'architecte, M. Benvignat, sut concilier les aménagements les plus commodes avec les limites budgétaires, et dissimuler, sous le style de la Renaissance, l'emploi judicieux des matériaux de la localité.
Si la démolition du grotesque beffroy construit en 1826 pour les guetteurs au feu laisse peu de regrets, les vrais Lillois ont vu avec chagrin disparaître le vieux monument historique, élevé par Jean-sans-Peur, habité par Charles-Quint et Louis XIV, le siège du repas du Faisan, la salle de la municipalité de 1792, où fut signée la fière réponse aux sommations d'Albert de Saxe. Mais grande a été la satisfaction des archéologues de pouvoir encore admirer l'escalier de Philippe-le-Bon, transporté de toutes pièces près de la salle du Conclave, cette relique précieuse du passé, ce sanctuaire de la justice des échevins et de l'indépendance du Magistrat.
Descamps, Ange. Lille - un coup d’œil sur son agrandissement, ses institutions, ses industries. Lille : Impr. L. Danel, 1878. p.10
Ce vaste monument, d'une superficie bâtie de 4.012 m² a été construit en 1847 et 1859 par l'architecte Benvignat, hormis l'aile droite qui date du XVIIIe siècle et le pavillon de droite, qui est le dernier vestige de l'ancien palais des Ducs de Bourgnes.
La partie ancienne est celle qui présent le plus d'intérêts. Salle des gardes au rez-de-chaussée, admirable escalier de pierre à paliers, Salle du Conclave (ancienne chapelle), tourelle à escalier. L'ancien Palais Rihour, dont cette partie est le seul vestige, avait été bâti au commencement du XVe siècle, par les ordres de Philippe-le-Bon, Duc de Bourgogne.
Cet édifice est actuellement occupé par l'administration municipale et les différents services qui s'y rattachent. La bibliothèque commune très importante, se trouve placée dans l'aile gauche du bâtiment au 1er étage.
Les bâtiments sont pourvue de l'éclairage électrique et d'un chauffage central à vapeur à basse pression.
Ce monument peut être évalué à 2.000.000 francs.
Le Commissariat central et les services d'octroi sont installés dans des immeubles voisins, sans importance au point de vue architectural.
Association française pour l'avancement des sciences. Congrès. Lille et la région du nord en 1909. (volume 1). Lille : imp. l. Danel, 1909.
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Hôtel de Ville :