• Le Lion d’Arras, publié en 1920, est le dernier roman de Paul Adam (1862-1920).. Il met en scène le personnage fictif de Juste-Émile Héricourt, marin et aéronaute, qui, après avoir accompagné La Fayette en Amérique, revient épouser sa cousine Cécile, héritière des Forges d’Arras, avant de participer aux guerres révolutionnaires aux côtés des armées qui gagneront la bataille de Valmy.Le Lion d’Arras constitue en partie un « roman historique » : il s’inscrit clairement dans deux moments de l’Histoire de la Révolution française : un premier groupe de chapitres (1 à 8) a pour toile de fond la préparation des États généraux (1788-1789) ; un deuxième ensemble (chapitres 9 à 11) se situe en août-septembre 1792 et se termine à l’aube de la victoire de Valmy (découpage qui correspond aux deux grands événements de la vie du héros du livre, Juste-Émile Héricourt : ses fiançailles avec Cécile, puis, trois ans plus tard, son départ pour l’armée révolutionnaire). Chemin faisant sont évoquées (parfois sur le mode rétrospectif) les élections aux États généraux (136), la fuite du roi (144,159), la suspension du pouvoir royal (150), la rumeur de la trahison de La Fayette (184), les tueries des 2 et 3 septembre 1792 (231).

    Intéressera l’historien le souci que manifeste Paul Adam de rendre compte de l’évolution de l’opinion publique ; si, en 1789, le peuple d’Arras parle du « bon roi » qui a décidé de la tenue des États Généraux, il le désigne, en 1792, sous les noms de « ch’gros Louis », « Le Capétien » ou « l’gros porc » (163) ; et, lors de cette même année 1792, la foule, influencée par les notables de la ville, approuve, après des réactions de stupeur et quelques hésitations, la suspension du pouvoir royal décidée le 10 août par l’assemblée législative (150, 265)…

    Bernard Allein, Notes sur Le Lion d’Arras de Paul Adam (Nord' 2019/1 (N° 73), pages 97 à 103)

    source : https://www.cairn.info/revue-nord-2019-1-page-97.htm


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  • Paysages

                                            À Anatole Baju

    Au pays de mon père on voit des bois sans nombre.
    Là des loups font parfois luire leurs yeux dans l’ombre
    Et la myrtille est noire au pied du chêne vert.
    Noire de profondeur, sur l’étang découvert,
    Sous la bise soufflant balsamiquement dure
    L’eau saute à petits flots, minéralement pure.
    Les villages de pierre ardoisière aux toits bleus
    Ont leur pacage et leur labourage autour d’eux.
    Du bétail non pareil s’y fait des chairs friandes
    Sauvagement un peu parmi les hautes viandes ;
    Et l’habitant, grâce à la Foi sauve, est heureux.

    Au pays de ma mère est un sol plantureux
    Où l’homme, doux et fort, vit prince de la plaine
    De patients travaux pour quelles moissons pleine,
    Avec, rares, des bouquets d’arbres et de l’eau.
    L’industrie a sali par places ce tableau
    De paix patriarcale et de campagne dense
    Et compromis jusqu’à des points cette abondance,
    Mais l’ensemble est resté, somme toute, très bien.
    Le peuple est froid et chaud, non sans un fond chrétien.

    Belle, très au dessus de toute la contrée,
    Se dresse éperdument la tour démesurée
    D’un gothique beffroi sur le ciel balancé
    Attestant les devoirs et les droits du passé,
    Et tout en haut de lui le grand lion de Flandre
    Hurle en cris d’or dans l’air moderne : « Osez les prendre ! »

    Le pays de mon rêve est un site charmant
    Qui tient des deux aspects décrits précédemment :
    Quelque âpreté se mêle aux saveurs géorgiques.
    L’amour et le loisir même sont énergiques,
    Calmes, équilibrés sur l’ordre et le devoir.
    La vierge en général s’abstient du nonchaloir
    Dangereux aux vertus, et l’amant qui la presse
    A coutume avant tout d’éviter la paresse
    Où le vice puisa ses larmes en tout temps,
    Si bien qu’en mon pays tous les cœurs sont contents,
    Sont, ou plutôt étaient.
                             Au cœur ou dans la tête,
    La tempête est venue. Est-ce bien la tempête ?
    En tous cas, il y eut de la grêle et du feu,
    Et la misère, et comme un abandon de Dieu.
    La mortalité fut sur les mères taries
    Des troupeaux rebutés par l’herbe des prairies
    Et les jeunes sont morts après avoir langui
    D’un sort qu’on croyait parti d’où, jeté par qui ?
    Dans les champs ravagés la terre diluée
    Comme une pire mer flotte en une buée.
    Des arbres détrempés les oiseaux sont partis,
    Laissant leurs nids et des squelettes de petits.
    D’amours de fiancés, d’union des ménages
    Il n’est plus question dans mes tristes parages.
    Mais la croix des clochers doucement toujours luit,
    Dans les cages plus d’une cloche encor bruit,
    Et, béni signal d’espérance et de refuge,
    L’arc-en-ciel apparaît comme après le déluge.


    Paul Verlaine, Amour

    La mère du poète était d'origine de cette ville. Sa famille venait de Belgique.


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