Beffroi (Tour de l'horloge) de Beaune (Côte-d'Or)

(photo de Charlotte)

Le beffroi domine la place où se trouvait l’ancien Hôtel de Ville détruit en 1795. C’est une tour rectangulaire de six étages à toit tétragone (à quatre angles), surmonté d’une lanterne à huit faces dont la charpente en bois est recouverte de plomb. La toiture semble autrefois avoir été couverte de tuiles vernissées.  

Si les fondations de la tour remontent au XIIe siècle, les étages supérieurs ont dû être construits au XIVe siècle. Le document le plus ancien conservé à propos du beffroi date de la fin du 14e siècle : les Archives municipales conservent les lettres patentes du 20 avril 1395 par lesquelles le duc Philippe le Hardi demande aux religieux de l’abbaye de Maizière de céder à la commune de Beaune la tour et une salle attenante en échange de l’exemption des droits d’entrée pour les vins de leurs propriétés.  

L’horloge est datée également de cette époque. En effet, une autre patente du 8 novembre 1398 crée un nouvel impôt sur le salignon de sel vendu au grenier de Beaune destiné à la construction d’une horloge « que l’on pourra ouïr dans toute la ville ». Usée, elle est remplacée en 1861. Au sommet de la lanterne, la flèche portait une statue de la Vierge remplacée au début du XVIIe siècle par celle d’un Mercure, enlevée à la Révolution. L’ensemble architecturel est manifestement d’influence flamande, des similitudes existent par exemple avec le beffroi de Gand et celui de Douai.  

Au milieu du XVIIIe siècle, une délibération est prise par le maire et les échevins pour démolir la tour et construire à la place des prisons ; heureusement ce projet n’aboutira pas.  

En 1853 un muséum d’histoire naturelle prend place au beffroi grâce à la générosité de Louis Chevignard de la Palue, puis en 1938 le musée du vin y est installé temporairement.  

Le beffroi a été classé au titre des Monuments Historiques le 27 aout en 1885.

source : http://www.beaune.fr/

Beaune : un beffroi inspiré du Nord
Cet été, Le Bien public et le CAUE (Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement) font découvrir une partie du patrimoine. Aujourd’hui, le beffroi de Beaune.  Par Benjamin Tainturier (CLP)

Les beffrois, venus du Nord, sont le produit des mœurs vigilantes et sécuritaires de peuples soumis à de nombreuses invasions. Les premiers spécimens, très simples, n’ont aucune vocation esthétique. Construits suffisamment en hauteur pour dépasser les horizons et munis d’une cloche inquiétante, le tocsin, ils forment un système d’alerte des populations.

Des bonnes relations entre la Bourgogne et les rois des provinces de l’actuelle Belgique naissent de nombreux échanges de bons procédés. Les Bourguignons puisent dans le savoir-faire de leurs alliés du Nord et construisent des beffrois à Auxerre, Chalon-sur-Saône, Nuits-Saint-Georges et Beaune. Ce dernier rend un bel hommage à la tradition flamande, se garnissant de détails décoratifs tout droit venus des arts du Nord. Il se compose d’une grande cage à huit faces, lourdement charpentée et revêtue de plomb, donnant au faîte du monument une véritable force, une posture, une tenue. De petits animaux reprennent le motif de la gargouille et paradent autour de la lanterne. La flèche accueille une reproduction de la couronne ducale, surmontée d’une girouette. Autrefois, une Vierge, patronne de la ville de Beaune, surplombait la commune du haut de la flèche, à 41 m au-dessus du sol. Ce n’est qu’au XVIIe siècle qu’il fut décidé de lui substituer un Mercure. À l’époque, les bâtiments régaliens, vitrines de puissance, modifient leur vocabulaire ornemental. Les reproductions de scènes religieuses, délaissées, laissent place à des épisodes mythologiques. Le message transmis intrinsèquement se modifie dès lors : on ne cherche plus à protéger la maison du sceau du Christ, de la Vierge ou d’un saint patron, on rejoue plutôt des épisodes grandioses et mythologiques, des grands moments pleins de force et de panache.  

source : https://www.bienpublic.com/