• Bruges et ses clochers de pierre
    Et Saint-Sauveur et Notre-Dame
    Montent, tels des géants, dans l'air.
    Mais le plus haut, mais le plus clair,
    Celui dont le cadran de flamme,
    Comme un soleil luit sur les toits
    C'est le beffroi;
    Il regarde jusqu'à la mer.

    Jour de juin - ciel tranquille.
    Toute la ville
    N'est que clartés et que rayons:
    Les lucarnes de ses pignons
    Comme des morceaux d'or scintillent

    De Heyst et de Wendune,
    On l'aperçoit, du haut des dunes,
    Régner sur l'horizon flamand:
    Ses tours, l'autre après l'une,
    Comme des blocs de diamant,
    Sortent de l'ardente poussière
    Que lui fait la trop forte et torride lumière.

    Elle apparaît ainsi, comme enflammée
    Dans l'atmosphère ardente,
    Ses toits pliés semblent des tentes
    D'une poudreuse et fulgurante armée;
    Quand ses cloches et ses bourdons fidèles
    Sonnent et sonnent,

    Toute la campagne est vibrante d'elle;
    Et les chemins et les sentiers des horizons,
    Au bruit tonnant des sons profonds,
    Et les routes des hameaux
    Et des plages et des villages,
    Et les eaux même des canaux
    Semblent marcher d'accord,
    A travers le pays qu'elle s'adjuge,
    Vers cette gloire en cendre et or :
    Bruges!

    Source : Émile Verhaeren, Toute la Flandre


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  •     La gigantesque tour a beau avoir perdu sa flèche, elle ne plane pas moins haut, comme le génie même de Bruges. J'écoute son carillon, le premier de l'Europe, qui se changeait en cloche d'appel, en beffroi, entendu de dix lieues, quand éclatait l'orage communal ou la révolte contre la tyrannie féodale.

    Jules Michelet. Sur les chemins de l'Europe : Angleterre, Flandre, Hollande, Suisse, Lombardie, Tyrol ; p.281
    (Bibl.Gallica)


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